Les verrières

Ruines d'Usines

Il s'agit de photographies d'usines abandonnées prises dans les ruines du siècle passé, les friches industrielles. En regardant les carreaux cassés des verrières d'usine, la première chose qui vient à l'esprit est une chanson de Jacques Brel, Il Pleut :

-Les carreaux de l’usine

-Y en a beaucoup d'cassés,

-il pleut, les carreaux de l'usine,

-Moi, j'irai les casser !

Les vitres complètement éclatés dessinent à qui sait regarder les silhouettes de personnes et d'une flopée d'animaux : Cochons, Chats, Oiseaux. Ces vestiges de verres restituent une fable ouvrière en noir et blanc. Ce sont les gardiens de la mémoire après la cessation d'activité, la fermeture définitive et juste avant la démolition. Exception faite des sites qui présentent fièrement une haute cheminée d'usine en briques : ils seront incrits au patrimoine social d'une commune ouvrière.

La photographie convient très bien pour porter un regard sur ce passé. L'appareil photo a suivi les évolutions de ces usines. L'objet concerne principalement les vitres des usines ou des mines abandonnées près des villes de Barjac, Orléans, Gisors, Ivry-sur-Seine, Saint-Nazaire, Villers-Cotterêts, La Ferté-Millon, Cepoy.

Ces bâtiments qui ont traversés deux guerres mondiales recèlent les traces de multiples histoires ouvrières : batailles syndicales, changement d'activité, chômage, réaffectation des locaux. Par exemple, les anciennes verreries de Montenon en bordure du canal du Loing, furent en 1940, un centre de rassemblement pour les ressortissants allemands communistes et étrangers du Loiret de sexe masculin. Ensuite, Drancy.

Avant l'ère des tags, le caillassage des vitres traduisait l'expression de la colère ouvrière. Puis c'est devenu un jeu d'adresse. Une façon d'apporter sa pierre à l'édifice ! Ou tout simplement : marquer d'une pierre blanche la ruine contre l'oubli ! En quitant les lieux, une autre chanson traverse la béance des fenêtres, les Mains d'Or de B. Lavilliers :

J'voudrais travailler encore, J'voudrais travailler encore

Forger l'acier rouge avec mes mains d'or